Une mycorhize néfaste ? Ça existe !
L’association gagnant-gagnant entre plantes et champignons pourrait-elle nuire à d’autres ? Une bruyère, la callune nous le démontre !
Il n’est pas rare que landes et tourbières se parent de leur manteau violet en été et en hiver. Fleurs de bruyère nous direz-vous ? Ouvrez l’œil. En y regardant de plus près vous observerez bien souvent deux genres botaniquement distinct : la vraie bruyère d’abord, nommée Erica, aux 700 espèces dans le monde qui fleurit en automne et en hiver ; puis sa cousine, la callune (Calluna vulgaris), plus communément appelée fausse-bruyère aux multiples cultivars horticoles qui, elle, s’épanouit entre juillet et novembre.
Bataille rangée dans le règne des champignons
Très répandue en Europe dans les sols acides, la callune est également très appréciée au jardin. Point intéressant pour les jardiniers, elle est réputée pour ses propriétés télétoxiques. Ses racines secrèteraient une substance limitant la croissance d’autres végétaux, et donc le développement de certaines plantes adventices, indésirables au jardin. On a longtemps pensé qu’il s’agissait du phénomène connu d’allélopathie entre plantes. Pourtant, la réalité est plus complexe : il s’agit en fait d’une bataille livrée entre champignons mycorhiziens ! La callune ne secrète pas directement ces substances, ce sont ses champignons mycorhiziens. De la même façon, les toxines n’affectent pas directement les autres plantes mais leurs propres champignons.
Une association mycorhizienne peut donc être néfaste et la callune le sait bien ! Des études ont ainsi montré que dans des écosystèmes essentiellement dominés par les symbiotes mycorhiziens de la callune, la plupart des champignons endomycorhiziens étaient éliminés, de même que des champignons ectomycorhiziens spécifiques à certaines arbres tels les épicéas et les sapins de Douglas. Ceux-ci, privés de leur mycorhize ne peuvent plus s’alimenter et dépérissent.
En revanche, cela ne s’applique pas aux pins et aux bouleaux. La raison ? Ces derniers sont associés à d’autres champignons ectomycorhiziens spécifiques qui restent insensibles aux toxines produites par le champignon mycorhizien de la callune. C’est la raison pour laquelle pins et bouleaux sont souvent les premiers à s’installer dans les landes à Callune.