Des saules pour dépolluer les sols
Certaines plantes sont capables de décontaminer les sols. On appelle cela la phytoremédiation. Les saules, en particulier, sont des super dépolluants. Au Canada, une analyse du microbiome racinaire des saules a montré que la collaboration avec des champignons mycorhiziens et certaines bactéries n’était pas étrangère à ce super-pouvoir de décontamination.
Pour aider à la réhabilitation de terrains contaminés, la phytoremédiation offre une alternative aussi bien économique qu’écologique aux techniques de dépollution traditionnelles. Ces dernières sont souvent couteuses et peu écologiques. Elles font appel à l’excavation, l’épandage ou encore l’incinération des éléments contaminés.
Mais alors concrètement, comment ça marche ? La phytoremédiation utilise l’action des plantes et de leurs racines pour stabiliser ou éliminer certains polluants du sol comme les hydrocarbures pétroliers, les produits chimiques de synthèse ou encore les métaux lourds. Ces plantes sont déjà capables de vivre dans un sol pollué. Plus encore, elles le nettoient progressivement au fur et à mesure de leur croissance. Pour cela elles utilisent différentes stratégies : la stabilisation, l’extraction, la volatilisation ou encore la dégradation.
Le saule, champion de la phytorémédiation grâce aux mycorhizes
Les saules sont des super dépolluants. Ces arbres sont en effet bien utiles à la phytoremédiation puisqu’il ils sont capables de se développer dans des sols très peu fertiles. Par ailleurs, ils peuvent accélérer la dégradation de composés organiques polluants (hydrocarbures, produits chimiques de synthèse) grâce à la production d’enzymes spécifiques. On parle alors de phytodégradation.
Jusque là, tout paraît simple. C’était sans compter sur la mycorhize et ses amies bactéries ! En 2018, des chercheurs de l’Université McGill et de l’Université de Montréal ont découvert que la capacité des saules à réhabiliter des sols contaminés repose sur des interactions complexes entre leurs racines, plusieurs espèces de champignons mycorhiziens et certaines bactéries du sol. «Nous avons observé que les saules, les champignons et les bactéries sont en symbiose pour décomposer ces contaminants», explique Nicholas Brereton, chercheur à l’Institut de recherche en biologie végétale de Montréal. Les plantes fournissent du sucre issu de la photosynthèse aux champignons mycorhiziens. En échange, ces derniers apportent des nutriments aux racines des arbres mais aussi à certaines bactéries du sol. Ces bactéries produisent alors des enzymes capables de dégrader les composés polluants. La boucle est ainsi bouclée !