Quand plantes et champignons
colonisèrent la terre
On sait désormais que les champignons mycorhiziens fournissent aux plantes nutriments et protection quand celles-ci leur partagent en retour les produits de leur photosynthèse. Et si cette symbiose mutualiste était à l’origine des écosystèmes terrestres actuels ? Sans les mycorhizes, les plantes actuelles que nous connaissons n’existeraient pas !
Dans l’eau, une plante peut trouver à la fois la lumière, le CO2 et les sels minéraux dissous nécessaires à sa nutrition. Elle n’a donc pas de racines. Mais un peu plus haut, dehors, c’est une autre histoire. Gaz et lumière sont présents dans l’air, eau et nutriments dans le sol. La plante ne peut survivre sans racines car elle ne peut extraire ni l’eau, ni les minéraux présents en plus faibles quantités dans le sol. Pourtant, il y a de cela quelques 400 à 500 millions d’années, les premières plantes quittaient les milieux aquatiques pour venir coloniser le continent. Mais alors, sans racines, comment s’y sont-elles prises ? C’est là que la magie opère ! Magie ou hasard évolutif ? Si l’aventure fut longue et périlleuse, un peu d’aide venue des champignons ne fut pas de refus. Nous y voilà. La mycorhize serait à en grande partie l’origine de la colonisation des terres par les plantes venues du milieu aquatique. La seconde grande évolution leur ayant permis cette colonisation est le développement d’un système vasculaire qui a permis aux plantes faire circuler l’eau dans leur tissus.
Concentrons-nous plus particulièrement sur l’endomycorhize à arbuscules, la plus commune, qui lie des champignons gloméromycètes, incapables de vivre sans les plantes, à la majorité des plantes depuis leur apparition sur Terre. « Cette mycorhize est née il y a 400 à 450 millions d’années, à l’ordovicien, au moment où les plantes sont sorties de l’eau ! Celles-ci ont réussi à coloniser la Terre en s’associant aux champignons, qui leur ont servi de “racines” dans un premier temps » explique Daniel Wipf, professeur de biologie et de physiologie végétale à l’université de Bourgogne, et spécialiste des mycorhizes à l’Unité mixte de recherche agroécologie de Dijon.
Ainsi, certaines plantes et champignons aquatiques, après de multiples tentatives de parasitisme et de compétition, ont trouvé dans la symbiose mutualiste une formidable solution de survie au delà des eaux ! Aujourd’hui, on comprend donc enfin comment notre planète s’est soudain couverte de végétation. Un événement aussi déterminant qu’extraordinaire tant il repose une totale improvisation évolutive. Sans la mycorhize, la planète serait dépourvue de l’essentiel de sa végétation terrestre !
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