L’internet végétal
La vie en réseau n’a pas été inventée par l’homme du XXè siècle. L’internet végétal est le fruit de 450 millions d’années de vie commune entre les champignons et les plantes terrestres.
Les plantes sont connectées par les champignons mycorhiziens dans le sol quelles que soient les espèces. Elles peuvent ainsi communiquer entre elles en échangeant des signaux de prévention en cas d’attaque de pathogènes par exemple et échanger des nutriments. Un véritable Internet végétal !
« Prenons le cas d’une plante mère dans une forêt, raconte Daniel Wipf, professeur de biologie et de physiologie végétale à l’université de Bourgogne et spécialiste de la mycorhize à arbuscules . Elle va investir des nutriments un peu partout dans plusieurs plantes autour d’elle, sans aucune distinction d’origine. Quand la situation devient plus critique et qu’elle est en danger, elle privilégiera au travers de ce réseau mycélien l’envoi de nutriments à sa descendance. » Les chercheurs aimeraient bien comprendre les mécanismes de cette relation qu’ils ont baptisé les marchés équitables souterrains. On ne sait pas à quel moment la plante va décider de donner et à qui. En revanche, « on sait que tout le monde y gagne, » précise Daniel Wipf. Le laboratoire de Dijon a expérimenté cette relation entre les végétaux avec des plants de légumineuses et des graminées.
UNE LÉGUMINEUSE A ÉTÉ CONNECTÉE À UNE GRAMINÉE
Les deux plantes vivaient très bien en co-culture et échangeaient des éléments avec le champignon mycorhizien. Les chercheurs ont ajouté dans la terre de la légumineuse une bactérie fixatrice d’azote du genre Rhizobia. Cette bactérie forme avec les racines des légumineuses ou fabacées une symbiose visible sous la forme de nodosités. « Nous avons alors constaté une diminution des structures de champignons mycorhiziens chez la légumineuse. À l’inverse, chez la graminée ces structures augmentent. La première analyse de ces observations fut de dire que le champignon, se trouvant en compétition avec la bactérie pour la ressource en sucres, a choisi de privilégier la graminée, par facilité en quelque sorte. Mais lorsque nous avons regardé d’où provenaient les sucres du champignon, on s’est aperçu que les trois quarts provenaient de la légumineuse !!! »
Le mystère est non élucidé à ce jour !